Mac DeMarco

Interview

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Les critiques l’ont peut-être rangé dans la catégorie ‘pop fainéante’, mais on ne peut pas dénier l’éthique et la volonté de fer de Mac DeMarco: son dernier album "Salad Days" a été écrit et enregistré en un peu plus d’un mois. Nous avons appelé le chanteur canadien chez lui, dans son appartement de Brooklyn, pour en savoir plus.

Tu as connu un succès important après la sortie de votre dernier album "2". As-tu ressenti de la pression à écrire "Salad Days"?

Il y avait beaucoup de pression, mais j’ai juste essayé de l’oublier. Ca vous rend juste dingue si vous y pensez, et vous finissez par écrire un album médiocre.

Mais "Salad Days" a été complété assez rapidement?

Oui, c’est juste. Je l’ai écrit et enregistré tout seul dans ma chambre à Brooklyn au mois de septembre, après avoir fini ma tournée. Et je suis retourné en tournée juste après! C’était assez stressant mais j’adore cet album depuis qu’il est terminé.

Quel était ton objectif avec cet album?

J’ai essayé de le garder assez proche de "2" au niveau des mélodies, mais j’ai aussi voulu tenter deux ou trois nouveautés. Par exemple j’ai joué plus de synthé sur celui-ci, car j’en avais marre de tout jouer à la guitare. Je pense que "Chamber Of Reflection" est mon morceau préféré du fait du synthé. J’ai écouté beaucoup de musique japonaise bizarre récemment, comme Yellow Magic Orchestra.

Mais je pense que la différence ici tient aux concepts des chansons ; le contenu des paroles. Cet album est plus personnel. J’ai écrit sur des choses beaucoup plus spécifiques, au lieu des habituelles chansons d’amour, comme sur le dernier album.

Pourquoi as-tu décidé de te confier cette fois-ci?

Je crois que c’était juste de circonstance. Je n’avais pas eu la chance de décompresser après la tournée, donc retourner à la maison fut un peu comme la réalité qui revient au galop, tout d’un coup, et je ne savais pas quoi écrire d’autre. Je ne voulais pas dire aux autres quoi faire, ou écrire sur quelque chose qui m’était inconnu, donc j’ai écrit sur ce que je connais de mieux, ma vie.

Et cela se reflète pas mal, comme sur les paroles assez négatives de "Salad Days", par exemple.

Cette chanson se présente un peu comme une conversation. Au début de la chanson, je parle comme un petit con pourri gâté qui se plaint d’être trop occupé et d’être fatigué. Mais les paroles du refrain arrivent un peu comme pour me secouer et me dire que ce n’est pas la peine d’agir comme un petit con à 23 ans.

Jouer les chansons en live peut être un peu étrange, car c’est flippant de se dévoiler comme ça en public.

Etre aussi transparent t’as cependant valu les louanges du public: les gens ont l’impression de te connaître. Y a-t-il une différence entre ta personnalité publique et privée?

Oui, évidemment, il en existe, mais je pense surtout que certains aspects de ma personnalité s’accentuent en public. Tout le monde possède différentes facettes. Je pense que beaucoup est dû à ce que la presse et les gens décident de voir. Mais c’est incroyable de voir à quel point certaines personnes connaissent ma vie privée avant même de m’avoir rencontré. Peut-être est-ce de ma faute?

Quoi que l’on en pense, ça montre à quel point tes fans sont enthousiastes. Nous t’avons vu jouer à Londres l’année dernière, et la foule était déchaînée. Reçois-tu toujours ce genre de réaction?

Oui, c’est normalement le cas. Ca dépend où, mais en général, les fans sont assez excités. On est chanceux qu’ils soient si impliqués. Je crois qu’on arrive à mettre les gens à l’aise, surtout les plus jeunes, et ça me rend heureux.

Cette intensité est-elle la même hors scène, quand tu rencontres les fans? As-tu eu des rencontres bizarres?

Oui, j’ai eu des réactions assez extrêmes. Un fan a arraché tous ses cheveux à un de mes concerts à Rome. Il pétait la forme et les infirmiers ont du le piquer et le ramener en ambulance, donc ça c’était assez bizarre.

Et l’autre soir, je signais quelques disques dehors et un gars est arrivé en chialant. Il semblait être dans une mauvaise passe. J’adore rencontrer mes fans mais ça devient un peu dérangeant quand ils sont si extrêmes. On a presque ce sentiment de responsabilité envers eux, et je fais de mon mieux, vous savez? Mais ce gars là ne voulait pas se confier, donc je ne savais pas trop quoi faire. Et puis, je ne suis pas vraiment plus vieux que mes fans.

Mais j’adore rencontrer les gens, je veux dire, vraiment les rencontrer – pas seulement signer des disques et dire ‘salut’. C’est ce qui me donne de la force lors des longues tournées. Ca et l’alcool: je suis toujours bourré quand je joue.

Quels sont tes projets pour l’année 2014?

On va encore tourner, puis on prendra le temps de se poser pour écrire d’autres morceaux, J’espère que ce sera dans un environnement moins pressé.

Au-delà, que vois-tu pour l’avenir?

C’est ça le truc, j’ai toujours voulu aller dans d’autres endroits, mais pour le moment je n’y vais pas: j’adorerai voir d’autres pays, comme la Russie ou le Japon. N’importe quel endroit où je pourrai jouer en fait. Mais l’idée de jouer dans des salles plus grandes? Je ne suis pas sûr. Je ne suis pas intéressé par l’argent, et je pense que les salles où nous jouons en ce moment sont idéales. Jouer dans une salle de 5000 personnes ? Je crois que je serai déconnecté du public, je ne pense pas que j’en tirerai du plaisir.

C’est fascinant, car je ne sais pas où tout ça nous mène. Et c’est étrange de ne pas savoir où tu vas, tout en continuant d’avancer…

März 2014