Interview

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Après avoir sorti une série de superbes singles électro-pop, la Danoise Karen Marie Ørsted vient de dévoiler un premier album tout aussi merveilleux. Elle nous explique son procédé créatif pour No Mythologies To Follow, comment elle en est venue à travailler avec Diplo, et pourquoi Sonic Youth et les Spice Girls ont fait d’elle l’artiste qu’elle est aujourd’hui.

Salut Karen, comment te sens-tu par rapport à la sortie de l’album?

Je suis très, très, très tendue. Mais aussi je n’arrive pas à dormir parce que je suis si impatiente ! C’est un mélange de sentiments en fait...

Pour les personnes qui n’ont pas encore écouté "No Mythologies To Follow", est-ce que tu pourrais leur expliquer ce à quoi s’attendre?

Je dirais que c’est un mix de pop indé électro, avec des vibes venant de la soul et du hip hop. Au niveau du thème, l’album parle beaucoup du fait d’être jeune, désorienté, et perdu dans la société moderne, et fatigué que les médias te dictent comment vivre ta vie. Le message est que tu dois trouver ton propre chemin à travers cette folle société.

Je pense que l’album montre deux grandes facettes de ma personnalité : celle de quelqu’un de très vulnérable, mais ensuite l’autre de quelqu’un de... non pas agressif, mais plein d’énergie et un peu “j’emmerde le monde".

Comme tu le dis, c’est vraiment un album très varié d’un point de vue sonore. Est-ce un reflet de tes goûts personnels?

Ouais, je pense. Ce n’est pas quelque chose auquel j’ai réfléchi quand moi et mon producteur Ronnie [Vindahl] avons commencé à faire l’album, on suit simplement nos coeurs.

Quand j’étais une petite fille, j’étais la plus grande fan de pop du monde, et quand je suis devenue ado, j’étais à fond dans le punk et le grunge, et en particulier dans Sonic Youth, qui reste le groupe que j’aime le plus au monde. Mais quand j’ai eu 20 ans, je suis tombée amoureuse du hip hop, donc je pense que l’album incorpore toutes ces influences. Ce que je veux dire, c’est que je ne pense pas du tout que mon album sonne comme du Sonic Youth, mais ils sont une grande source d’inspiration au niveau des paroles.

Quand as-tu commencé à écrire ta propre musique?

En fait j’ai commencé à faire de la musique à 7 ans. C’est à ce moment que la passion a commencé ; c’est là que le rêve est né. Et je n’ai pas arrêté de faire de la musique depuis.

Quel genre de musique écoutais-tu en grandissant?

Eh bien, avant d’avoir mon premier disque – quand j’avais 7 ans ou quelque chose comme ça – j’écoutais simplement la musique de mon père, et je me souviens qu’il mettait du Sam Cooke. Mais le groupe dont je me souviens qui m’a fait la plus grande impression à l’époque était les Spice Girls. C’était mon premier disque et c’est la première fois que j’écoutais de la musique qui me parlait vraiment, tu vois ? Étant une petite fille, les Spice Girls étaient merveilleuses, et d’une influence positive, je pense, parce qu’elles avaient tout ce girl power.

C’est l’une des choses que l’on adore lorsque tu joues en live ; tu as une présence tellement forte sur scène, cela transmet une impression de puissance à celui qui regarde. Est-ce qu’être un bon exemple est important pour toi?

Je suis très heureuse que tu dises ça, parce que tout ce que je fais dans la musique a pour but d’être moi-même, et d’être fidèle aux choses qui me sont importantes. Donc si je pouvais être un modèle pour quelqu’un en faisant ça, ça serait merveilleux. Mais c’est aussi une grosse responsabilité...

Revenons en au procédé créatif. Tu nous as dit que tu as composé avec Ronnie Vindahl, comment cela s’est-il passé?

En fait on travaille beaucoup chacun de notre côté. J’écris les morceaux au piano et j’enregistre les voix sur ma propre boite à voix – dans la maison de mes parents, dans mon ancienne chambre d’enfant – et ensuite j’envoie toutes les voix à Ronnie, qui les produit enfin autour de la mélodie. Il réarrange parfois la mélodie et on se rencontre et on finit le morceau ensemble, mais on échange constamment.

As-tu un titre préféré sur l’album?

J’ai un rapport personnel avec chacun des titres, donc ça change. Mais aujourd’hui c’est "Fire Rides". C’est le morceau d’ouverture de l’album et je pense qu’il définit ce sentiment d’être perdu et désorienté dans la grande ville, et d’être jeune et agité. Tu veux aller ailleurs, mais où que tu ailles, tu as ce sentiment d’ignorance.

Tu as travaillé avec Diplo sur "XXX 88". Comment cette collaboration a-t-elle vu le jour?

En fait c’était le résultat d’une interview que j’ai faite pour le magazine DIY. Ils m’ont demandé qui serait mon collaborateur rêvé, et j’ai dit Major Lazer, et alors ce mec sur Twitter tweetait Diplo en disant “S’il te plaît, fais en sorte que ça arrive!” Diplo lui a répondu en disant “On l’adore”, et mon manager et moi étions en mode “AHHHH!” Donc on s’est rencontrés à Amsterdam et on a fait une petite session d’enregistrement.

On dit que l’on ne devrait jamais rencontrer ses héros. Est-ce que la réalité a été aussi à la hauteur de tes rêves?

Eh bien dans ce cas, ce n’est pas vrai ! On dirait que, pour lui, il s’agit de faire tout le temps de la musique nouvelle et passionnante, avec des artistes montants ou établis, venus des quatres coins du monde. Il est une grande source d’inspiration et j’adore vraiment sa façon de travailler.

L’industrie change tout le temps, et les gens sont tendance dès qu’ils sont has been, donc c’est tellement important d’être ouvert d’esprit et de travailler avec des petits nouveaux et des artistes établis. On devrait simplement être constamment entrain de travailler pour créer de la super musique, tu vois?

Ok, et donc s’il était numéro un sur la liste, qui serait le prochain?

Je pense que ça serait Blood Orange. J’ai une longue liste de producteurs que je trouve géniaux mais je pense vraiment que lui est super. Pour être tout à fait honnête, je n’ai pas encore eu le temps de me poser et de profiter de son nouvel album, mais j’ai entendu qu’il était super et je veux bien le croire.

Ce n’est pas surprenant que tu n’aies pas eu le temps, tu sembles constamment en tournée.

Ouais, on a été tellement pris. Mais c’est bizarre parce que tu t’y habitues, et ensuite quand tu es à la maison tu te dis “Mince, on repart quand déjà ?” Ça devient un mode de vie d’être tout le temps occupé.

Est-ce que l’année 2014 s’annonce chargée?

J’espère que oui. J’espère qu’elle sera encore plus chargée, parce que ça serait bon signe. Je suis juste impatiente à l’idée d’écrire de nouvelles choses pour le prochain album, et de voyager.

Est-ce que tu te considères ambitieuse?

Ouais, je dirais ça. En tous cas, j’ai toujours été une rêveuse et je pense que j’ai appris très jeune que si tu ne travailles pas dur pour poursuivre ton rêve, rien ne va se passer. Je me rends compte que c’est un cliché, mais si tu veux réaliser tes rêves, il faut s’y efforcer.

Quel est ton objectif?

En fait, tu évoquais tout à l’heure le fait d’être un modèle, et je pense que l’un de mes plus grands rêves serait de pouvoir être un bon exemple et de faire de la musique qui touche réellement les gens de façon profonde.

Toutes les expériences géniales que j’ai eues avec la musique ont eu lieu lorsqu’un morceau a vraiment touché quelque chose en moi, et m’a fait vouloir changer quelque chose dans ma vie, ou créer quelque chose. Si je peux avoir cet impact sur quelqu’un d’autre, ça serait mon plus grand accomplissement.

Januar 2014