The Coral

Interview

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De retour après un long hiatus, The Coral partage finalement la suite de Butterfly House de 2010. Nous nous sommes donné rendez-vous avec le claviériste Nick Power pour parler des inspirations derrière le nouvel album Distance Inbetween et pour connaître ses réflexions sur les deux dernières décennies du groupe.

Salut Nick, comment ça va?

Ouais, bien. On a commencé les répétitions pour la tournée qui commence le 4 mars – le même jour que la sortie de l’album.

Ça fait combien de temps depuis la dernière fois que vous avez joué ensemble?

Ensemble en tant que The Coral, cinq ans, peut-être plus.

Ça fait six and depuis votre dernier vrai album studio. Lorsque vous enregistriez Butterfly House, pensiez vous avoir trouvé votre chant du signe?

Moi, oui. Je pense que tout le monde le savait en réalité; c’était un pressentiment, je ne sais pas. Enfin, je veux dire, ça s’entends dans les textes. Je pense qu’il y avait ce sentiment en général de « Soit on a besoin de prendre un congé, ou on doit arrêter pour prendre un peu de temps après cet album ». Même avant notre signature, je me souviens qu’on travaillait sept jours par semaine pendant cinq ans à peu près avant la sortie du premier album. Alors avec le groupe, on a passé beaucoup de temps ensemble.

Et puis à l’époque cela faisait 14 ans que vous jouiez ensemble sans relâche non?

Ouais. Même avant que j’avais rejoint le groupe, ça faisait déjà un bon temps qu’ils jouaient ensemble. Mais il y avait toujours cette éthique du travail tellement rigide qu’en fait je pense qu’on était épuisés.

Qu’est-ce que vous avez fait de votre temps entre Butterfly House et Distance Inbetween?

Alors, tout monde travaillait sur d’autres projets et jouait de la musique ensemble en collaboration. Mais que pense que c’était super important pour créer cet album, parce que ça nous a aidé à trouver d’autres chemins que nous n’avions jamais pris auparavant tout en restant aux confins du groupe. Notre façon de travailler ensemble est devenue assez rigide [et en collaborant] on a tout foutu en l’air ce qui était une très bonne chose.

Pendant cette intervalle entre les deux albums vous avez sortie The Curse Of Love aussi.

Ouais, celui là on l’avait déjà enregistré en 2007/2008. En fait, ça allait être l’album qu’on allait sortir qui serait Roots and Exchoes, mais en fait on n’avait pas les moyens pour sortir un album comme ça parce qu’il était complètement lo-fi. Des albums comme ça ne sortaient pas des grands labels à l‘époque, alors nous avons dû attendre jusqu’à l’année dernière pour le sortir.

Alors c’était quoi qui vous a inspiré à écrire ensemble à nouveau?

James [Skelly, chanteur] avait un album solo et beaucoup d’entre nous ont joué dessus. Puis vers la fin des sessions, on a commencé à s’amuser avec une chanson qui plus tard est devenu « Chasing The Tale Of A Dream », le titre principal de cet album. Puis dès qu’on commençait à la jouer, on s’est tous dit « Ca c’est une chanson très The Coral ». J’aimerais pouvoir vous raconter une histoire un peu plus rock n’ roll sur comment nous nous sommes regroupés. (Il rigole). Mais c’était juste à cause de la musique. Puis tout s’est mit en place après ça.

Aviez-vous un objectif sonique pour ce disque?

Oui. On savait que l’on voulait faire un album plus rock; qui sonnait un peu plus live. Je ne sais pas, celui-ci devait être plus brut et plus affamé que les derniers albums.

Aviez-vous perdu cette faim avant cela?

Ben, ouais, je pense que les derniers quelques albums sont assez délicats et rêveurs presque. On voulait créer ce genre d’album et on a essayé avec Roots and Echoes et je pense qu’on a vraiment réussi avec Butterfly House. En fait on n’avait aucune raison de refaire la même chose, en plus ce genre de musique est super difficile à jouer en live, avec toutes ces harmonies partout et les guitares acoustiques. Alors sur celui-ci il y a un minimum de guitares acoustiques. L’album est plus direct.

Aviez –vous des points de références musicales?

Des trucs qu’on aime bien c’est le psychédélisme britannique comme Pink Floyd et Hawkwind, et des musiques européennes comme le Krautrock. Enfin, le psychédélisme est en bonne forme en ce moment mais c’est surtout américain. Je pense que ce que l’on fait bien c’est le psychédélisme britannique ou européen, et je pense qu’il n’y a pas beaucoup de groupes qui en sont capables.

Pouvez-vous nous parler un peu du processus créatif du groupe?

En fait, c’est toujours différent. Parfois on s’envoie des paroles entre nous, d’autres fois il y aura une chanson complète toute seule, et des fois quelque chose naît de nos sessions dans la salle de répétition. Cette fois tout s’est passé super vite pour nous, entre l’étape embryonnaire et l’album complet. Dans le passé on avait fait beaucoup de titres en démo, mais cette fois on ne les a presque pas répétées parce que tout le monde vibrait après avoir joué ensemble. On était au point où on suivait le premier signe d’une idée pour captiver ce moment initial révélateur.

Quels défis avez –vous dû affronter à cause ce cette approche spontanée?

On a fallu faire un grand effort pour ne pas trop faire. L’impulsion naturelle est de tout perfectionner et de continuer à tout travailler mais c’était un plus grand effort de prendre du recul et dire « Assez: prends un jour de congé ». C’est une façon artistique valide de travailler et on n’avait rien fait de cette façon auparavant. C’était une bonne expérience.

On dirait un processus démocratique.

Exactement. En fait, celui qui parvient à arguer le plus ardemment est celui qui fait la décision finale. (Il rigole)Mais tout le monde sait que l’on va tous être d’accords sur la bonne décision à la fin.

Chez les textes, est-ce que vous avez remarqué des thèmes sur cet album qui sont connectés?

Ouais, on a toujours aimé trouver du vrai drame chez le banal, les choses de tous les jours ; des choses qui peuvent vite devenir les pires scénarios apocalyptiques dans la tête de quelqu’un.

Quelle est la signifiance du titre de l’album pour vous?

C’est cette idée de la distance entre deux objets ou deux personnes; cette chose qui est toujours présente mais qu’on ne voit pas, comme un souvenir ou une émotion. Et j’ai toujours pensé à notre musique un peu comme ça: ce n’est pas une chose immédiate droite devant vos yeux, mais c’est une chose puissante.

Cela fait deux décennies depuis la formation de The Coral. Comment est-ce que les relations entre les membres du groupe ont évolués à travers le temps?

Il y avait des périodes où on essayait tous de faire la même chose et c’était tout le temps la même lutte pour réussir à créer quelque chose, n’importe quoi. C’est beaucoup plus facile maintenant parce que chacun d’entre nous connait son propre talent et on a tous acceptés nos propres rôles différents. Maintenant on est comme une machine bien huilée. Disons que c’est plus facile de faire partie du groupe maintenant.

Est-ce que vos motivations pour écrire ont changé à travers le temps?

Non, Je pense que c’est toujours pareil. Je ne pense jamais à l’argent ou a des publics plus grands quand je crée un album. Je me suis rendu compte qu’il faut que j’accepte que ça sera toujours un peu aléatoire. S’il y a une chanson qui marche particulièrement bien avec les publics, ce n’est pas quelque chose que j’ai fais, et c’est pareille chez chaque album. Il n’y a jamais eu un point où on s’est dit « Allons trouver le grand succès avec cette chanson ». Ca a plutôt été, « On va créer quelque chose, on va le sortir et puis on verra comment les gens vont le recevoir», parce qu’il est impossible de juger. La musique a toujours été au centre. Quel cliché ennuyeux.

C’est une bonne raison pourtant.

Je pense, oui. Les gens qui sont super honnêtes qui disent « je veux être riche et célèbre » ne me dérangent pas vraiment. Je ne juge pas les gens qui veulent beaucoup d’argent et d’être connus, et il y en a qui puisent de ça. Mais moi, je ne pourrais pas faire ça, ça ne marche pas pour moi.

Vous avez pourtant trouvé le succès avec votre premier album. Comment aviez-vous réagi?

Ouais, il y avait une période où on était assez connu. J’avais seulement 21 ans donc j’étais assez jeune à l’époque. C’est beaucoup plus facile quand vous sortez sur la scène, des petits nouveaux parce que tout le monde veut écrire sur des groupes nouveaux. Mais si tu veux que cela dure, pour rester à ce niveau, c’est un grand effort, et je ne sais pas vraiment si on l’a fait cet effort, pas complètement. Mais bon, je ne dirais pas non si cela m’était offert une deuxième fois.

Vous avez quand même gardé une base de supporteurs et de fans fidèles.

Je pense que oui, ouais. Nous ne sommes pas ultra-connectés à nos fans mais je pense que beaucoup d’entre eux sont de vrais fans de musiques, de la même façon que quelqu’un achèterait peut-être une BD pour s’immerger dans un monde. Nos personnalités ne sont pas énormes si vous voyez ce que je veux dire. Je pense que Radiohead s’en sont sortis plutôt bien : on ne connait pas vraiment les personnages derrière la musique, et leur musique est plus connue qu’eux.

Alors quels sont vos projets pour le reste de 2016 et après?

Le reste de l’année, on part en tournée et on joue aux festivals.

Et pouvons-nous attendre un autre album après celui-ci?

J’espère que oui. Mais je n’ai jamais été du genre à planifier comme ça. Ça a toujours été dicté par les années précédentes. Donc, j’espère que oui.

März 2016